Tout demandeur d’emploi a été confronté à l’expérience, frustrante, de postuler à une offre d’emploi sans jamais recevoir d’accusé de réception, a fortiori de réponse. Cette manière de faire est indigne de toute entreprise.
Également frustrante est la réponse, négative, qui n’en est pas une. L’on y invoque des raisons banales, incontrôlables, voire absurdes : trop d’expérience ou pas assez, une meilleure candidature, une candidature interne inattendue, pour ne citer que les plus classiques. Au mieux, ces explications sont le reflet d’un manque de temps (et/ou d’une forme de paresse) de l’entreprise recruteuse, ou pire elles cachent de la discrimination. L’on imagine que ces « réponses qui n’en sont pas » permettent d’esquiver des discussions interminables et un débat sans fin avec le candidat refusé. On peut le comprendre dans une certaine mesure. Après tout, le candidat aussi a la possibilité de retirer sa candidature sans fournir d’explications et sans que cela offusque qui que ce soit.
Pourtant, à force d’entendre des arguments peu constructifs, on a l’impression que le seul objectif des recruteurs est de « botter en touche » en trouvant des raisons suffisamment vagues, et subtilement flatteuses pour ne pas heurter le candidat, sans qu’il y ait la moindre substance dans la réponse. Par substance, nous entendons de l’information constructive avec laquelle le candidat va pouvoir faire quelque chose, qui lui servira dans la suite de sa recherche : de l’information sur son parcours, sa formation, son attitude s’il a eu la chance d’être invité en entretien. Quelque chose qui fera évoluer le regard du candidat sur lui-même et sur son évolution professionnelle.
J’entends déjà, à juste titre, les objections : la ligne entre ce que l’on peut dire et ce qui est illégal est fine, donc personne ne prend de risque. La vérité a toujours été difficile à dire, aujourd’hui elle peut vous traîner devant la justice. Il existe pourtant des cas tout à fait avouables de discrimination positive (1).
Les campagnes de recrutement sont pour les entreprises une occasion unique de se profiler et de se montrer sous leur meilleur jour en prenant – un peu – de temps pour expliquer aux candidats non retenus les vraies raisons du refus. Si les choses sont dites de façon professionnelle et que l’argumentaire est construit et intelligent, la plupart des gens sont capables de l’entendre. C’est un travail difficile de donner un feed-back constructif, cela demande du temps et de la réflexion. Et une capacité d’écoute et de remise en question de la part de ceux qui le reçoivent. Cela représente pourtant un investissement à long terme qui, à notre avis, en vaut la peine. Parce qu’un feed-back honnête est un véritable échange entre celui qui le reçoit et celui qui le donne.
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(1) Une brochure éditée par Bureau cantonal de l’égalité entre la femme et l’homme (BEFH) Postgasse 68 – 3000 Berne 8 – www.be.ch/egalite